L’Enfant de la haute mer

D’après l’Enfant de la haute mer de Jules Supervielle — © éditions Gallimard
Avec son air très naturel,
le surnaturel nous entoure
Jules Supervielle

Synopsis

« Marins qui rêvez en haute mer, les coudes appuyés sur la lisse, craignez de penser longtemps dans le noir de la nuit à un visage aimé. Vous risqueriez de donner naissance, dans des lieux essentiellement désertiques, à un être doué de toute la sensibilité humaine et qui ne peut pas vivre ni mourir, ni aimer, et souffre pourtant comme s’il vivait, aimait et se trouvait toujours sur le point de mourir, un être infiniment déshérité dans les solitudes aquatiques, comme cette enfant de l’Océan, née un jour du cerveau de Charles Liévens, de Steenvoorde, matelot de pont du quatre-mâts Le Hardi, qui avait perdu sa fille âgée de douze ans, pendant un de ses voyages, et, une nuit, par 55° de latitude Nord et 35° de longitude Ouest, pensa longuement à elle, avec une force terrible, pour le grand malheur de cette enfant. »

Ainsi se termine la nouvelle de L’enfant de la haute mer de Jules Supervielle. La présence émouvante de la petite fille interroge sur les états d’enfance : leur gravité, leur légèreté, leur sensibilité profonde traversant les âges et les frontières qui séparent les mondes tangibles des mondes surnaturels.
Touchée par l’histoire de la fillette, de son enfermement, je voudrais lui fabriquer un théâtre pour ses ombres mais je voudrais surtout lui suggérer qu’elles se teintent de lumières et de couleurs.

Un théâtre d’ombres comme expression d’un art de montrer et de voiler. La vie des ombres et des figures est aussi l’expression directe de la sensibilité des corps des marionnettistes.

Le « bateau-lumière» ou A« femme-phare », le travail de masque incarné par le personnage de la chèvre, sont autant de prolongements d’une réflexion autour des liens approchants le corps humain des figures inanimées.

Sur la scène de l’enfant de la haute mer, nous désirons donner un corps, une matière, une silhouette, aux apparitions, aux rêves, aux êtres imaginés, et tenter de libérer par un rite agencé et organique, les êtres réels et ceux de l’autre monde.

C’est ainsi que grâce au théâtre d’ombres, les mots de L‘enfant de la haute mer, parlés, chantés, traduits en images, voguent au-delà de l’écrit.

le temps ne passait pas sur la ville flottante.
L’enfant avait toujours douze ans

L’histoire

Une enfant vit dans une petite ville étrange, flottante et liquide, perdue au milieu de l’océan. Comment vit-elle ? Qui est-elle ? Existe-t-elle réellement ? Les marins entendront-ils les appels de cette enfant ?

Le spectacle nous raconte l’isolement, la difficulté à communiquer avec le monde extérieur. Le mouvement des lumières, des mots et des images s’imprime de manière éphémère sur des écrans fluides, voiles de papiers ou de tissus.

La fragilité d’un enfant face à la solitude, à la mort trouve un « appui instable» sur un théâtre d’ombres empreint de douceur.

Les figures, les zones d’ombres se mettent en mouvement, habitent un monde de visions seul garant de l’existence d’un être disparu, que la pensée,« avec une force terrible » s’entête à vouloir faire revivre.

distribution
Direction artistique, conception, ombres et figures Aurélie Morin
Assistante chorégraphique Chloé Attou
Conseil à la mise en scène Arnaud Delicata
Compositeurs David Morin, Aurélien Beylier
Assistant scénographe Elise Gascoin
Constructeurs David Frier, Pascal Jean-Fulcrand, Messaoud Ferhat, Christian Rachner
Réalisations et ingénieries plastiques Valentine Canto-Martinez
Création vidéo Laure Carnet
Création lumière Aurélien Beylier
Construction de la marionnette portée Kovacs Julia
Costumes Barbara Mornet
Jeu Kovacs Julia, Aurélie Morin
Régisseur général Aurélien Beylier
Administration / production Yannick Valin
soutiens
Coproductions
TJP CDN d’Alsace-Strasbourg, Théâtre de Villefranche sur Saône, Le Granit Scène nationale, Belfort.
Aide à la création
DRAC Rhône-Alpes, Conseil Général de la Drôme
Téléchargements

Photos © Arnaud Delicata